Pièces de carrosserie, le marché s’ouvre !

Le 5 mars dernier, Edouard PHILIPPE, premier Ministre, s’exprimant dans le cadre des 10 ans de l’Autorité de la Concurrence, a jeté une bombe dans le landernau des Services à l’Automobile. La fin annoncée du monopole des constructeurs automobiles français sur la commercialisation des pièces de carrosserie.

« Le temps est venu de résorber quelques angles morts du pouvoir d’achat (…) notamment celui de la construction automobile et en particulier des pièces de rechange, qui constituent un budget important pour les gros rouleurs. Or le prix des pièces et donc de la réparation sont plus élevés chez nous qu’ailleurs en Europe », a déclaré Edouard PHILIPPE.

Une attaque frontale portée aux constructeurs français, qui bénéficient depuis toujours d’un monopole historique sur la revente des pièces de carrosserie, leur permettant de fixer librement les prix desdites pièces. Tout en se retranchant derrière la loi de protection du droit des dessins et modèles, qui interdit toute concurrence.

Un premier pas

Le premier Ministre a donc évoqué des mesures progressives d’ouverture du marché, pour faire chuter le prix des pièces, en énumérant dans un premier temps, les projecteurs, les rétroviseurs et les pièces de vitrage, puis, dans un second temps, les pièces dites « de peau ».

Des annonces qui vont dans le bon sens, mais dont on ne sait encore rien quant aux dates d’application. Car il y a fort à parier que les constructeurs français brandissent de nouveau les arguments leur ayant permis de conserver leur pré carré, en tous cas jusque-là… La sécurité d’une part, puisque dans le cas d’une ouverture à la concurrence, le marché verrait, selon eux, l’arrivée sur notre sol de multiples gammes à la qualité sinon hasardeuse, en tout cas difficile à contrôler. Par ailleurs, les constructeurs agitent aussi la corde sensible de l’emploi, et des possibles licenciements à prévoir si le chiffre d’affaires de la pièce de carrosserie venait à chuter chez eux… Ces arguments ayant de plus en plus de mal à trouver écho dans les pouvoirs publics, la France ne faisant que suivre l’exemple d’autres nombreux pays européens qui ont libéralisé la pièce de carrosserie et n’ont eu à déplorer les effets néfastes décrits plus haut…

D’autre part, les réelles conséquences sur le pouvoir d’achat des consommateurs se verront éventuellement quand l’application de la loi touchera les pièces de peau, tant il est vrai que les rétroviseurs, les optiques et le vitrage sont déjà très largement disponibles chez les équipementiers, au prix de quelques recherches sur le net, ce qui n’a pas échappé aux automobilistes ni même aux professionnels de la réparation.

Enfin, dans son annonce, le premier Ministre a aussi affirmé vouloir favoriser l’utilisation de pièce de seconde main, ce qui constituera une transition de choix vers la libéralisation des pièces neuves.

En conclusion, les pouvoirs publics ont enfin suivi les recommandations des organisations professionnelles, notamment la FFC, qui demandaient depuis longtemps cette ouverture du marché. Mais dans un pays à la culture automobile si ancrée dans l’histoire de trois marques si puissantes, la transitions sera, au mieux très progressive, au pire difficile. Au moins, elle semble actée, victoire !