Le recours direct gagne les esprits

Dans le cadre d’un sinistre non responsable avec un tiers identifié, l’automobiliste a la possibilité d’effectuer un recours directement auprès du tiers responsable et de sa compagnie d’assurance pour obtenir réparation de son préjudice. C’est ce que l’on appelle le recours direct (RD).

« Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? », rétorquent les assureurs quand on évoque le RD. Simplement parce que malgré sa « lourdeur » il offre à la victime une indemnisation qui prend en compte bien plus d’éléments que le circuit conventionnel, que cherchent à imposer les compagnies. Pour déclencher le RD, il suffit qu’un expert, mandaté par le sinistré, envoie le rapport d’expertise directement à l’assureur du tiers responsable identifié.

N’étant pas missionné par un assureur et sans en suivre les recommandations, l’expert fait son travail jusqu’au bout, et son chiffrage est sans restriction. Au-delà des frais de réparation peuvent entrer en ligne de compte : les préjudices moraux, les frais de location d’un véhicule de remplacement, la dépréciation du véhicule accidenté, la privation de jouissance du véhicule, les heures de travail perdues… La liste est longue. Mais surtout, le RD permettrait au sinistré de ne pas avoir à déclarer son sinistre à sa compagnie. Une façon de limiter son profil accidentogène et les notifications néfastes sur son relevé d’information. Un avantage certain pour les flottes.

Les assureurs contestent fermement ce dernier point. « Il existe réglementairement une obligation d’avoir un relevé d’information, où doivent figurer tous les sinistres subis par un assuré » rappelle Stéphane Penet, directeur des assurances de biens et de responsabilité à la FFSA. Selon lui, l’assureur du responsable devra forcément informer l’assureur du lésé qu’il a réglé un sinistre pour le compte de son assuré.

De plus en plus d’adeptes

Le RD commence à être porté par des initiatives de plus en plus nombreuses.Karim Megrous, expert et patron du cabinet AAME, en est un des principaux promoteurs en France. Il réalise 20 % de son chiffre d’affaires avec le RD. En deux ans, il a traité une centaine de recours directs à un rythme actuel de deux ou trois dossiers par semaine. L’expert affirme que seuls 5 % des dossiers en RD posent problème et que les 95 % autres sont réglés rubis sur l’ongle dans les 15 jours par la partie adverse.

Très prochainement, zerofranchise.com devrait fédérer autour de son concept un ensemble d’experts indépendants pour proposer le RD. Un partenariat avecSébastien Assaby, expert indépendant en Gironde, est sur le point d’être noué. Ce dernier pilote la plate-forme de recours direct prochainement déployée nationalement (AutoRecours). Elle sera animée par un regroupement coopératif d’une quarantaine d’experts indépendants (Expertlib’). Le RD est l’arme que brandit un autre site d’intermédiation : carrosserie.com, qui travaille avec le cabinet juridique Légi Recours.Bernard Tourette, président du Syndicat des experts indépendants, avoue aussi de son côté réfléchir sérieusement au développement du RD. Dernier exemple en date, celui de la plate-forme Les Affranchis, lancée par Benjamin Labonne (carrossier) et Florian Mourgues(expert).