COP 21 : Les initiatives du secteur du transport mondial pour réduire ses émissions

En marge de la COP21, l’ensemble des acteurs du secteur du transport mondial se sont réunis pour définir les moyens de réduire leurs émissions. Ils ont proposé une quinzaine d’initiatives et d’engagements dont le succès repose en partie sur l’implication des gouvernements. 

Bien que les transports représentent environ 14 % des émissions mondiales de CO2 et 60 % de la consommation mondiale de pétrole, ils ne figurent pas dans les négociations de la COP21. Aussi, le Plan d’Actions Lima-Paris* a missionné Michelin pour organiser la réunion des acteurs du secteur du transport et identifier les principales initiatives à mener pour s’associer à l’effort collectif visant à maintenir l’élévation moyenne de la température de la planète en dessous de 2°C ; ces 2° correspondant à la ligne de défense mondialement acceptée contre les pires impacts climatiques à venir. Les acteurs du transport ont ainsi présenté une quinzaine d’initiatives autour de trois axes de travail : le transport longue distance, la mobilité dans la ville et la voiture individuelle. 
Parmi ces initiatives figure par exemple celle de 12 sociétés de taxis de 11 pays qui se sont engagées à introduire dans leur flotte 2030 des véhicules peu émetteurs de CO2. Selon leurs engagements, 33 % à 50 % de leurs nouveaux véhicules émettront moins de 60g de CO2/km d’ici 2020. En 2030, 100 % de leur flotte devra émettre moins de 20g de CO2/km.
D’autres initiatives reposent sur un partenariat public-privé et donc sur l’engagement des villes, des régions ou des gouvernements nationaux. Sur le même principe que les taxis, 23 villes, représentant au total une flotte de 166 876 bus, se sont engagées à incorporer plus de 25 % (ou 40 000 bus ) de bus à faibles ou à zéro émissions dans leurs flottes d’ici 2020. Parmi les initiatives engageant les gouvernements, figure notamment celle concernant l’amélioration de l’efficacité énergétique des véhicules. Au total, 65 pays se sont engagés à élaborer des politiques et réglementations relatives à l’efficacité énergétique des véhicules. « La consommation mondiale moyenne des véhicules individuels est aujourd’hui de l’ordre de 8l/100km, l’objectif est de ramener ce niveau à 4l/100km », a indiqué Jean-Dominique Senard, président de Michelin. La France va même plus loin puisqu’elle a hissé le véhicule à 2l/100 km au rang des grands projets industriels nationaux. Mais en multipliant déjà par deux l’efficacité énergétique du parc mondial des véhicules légers d’ici 2050, les pays signataires de cette initiative attendent une réduction cumulée de plus de 30 gigatonnes de CO2.

Plans de mobilité urbaine durable
Une autre initiative majeure, baptisée MobiliseYourCity, consiste à soutenir 100 villes et 20 pays en développement ou émergents d’ici 2020, pour la mise en œuvre de plans de mobilité urbaine durable. Chacune des villes participantes s’engage à réduire ses émissions liées aux transports urbains de 50 à 70 % d’ici 2050. Une phase pilote sera lancée en 2016 et concernera 20 villes dans 13 pays (Afrique, Asie du Sud, Amérique du Sud et Moyen-Orient). Les bailleurs de fonds partenaires se sont engagés à fournir 5,5 millions d’euros pour soutenir cette initiative. L’Agence Française du Développement et son homologue allemand (GIZ) devraient apporter également le soutien financier.

Développer l’électromobilité
Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’Agence internationale de l’énergie (AIE), ainsi que les compagnies Tesla Motors, Michelin et Nissan-Renault ont également apporté leur soutien à la Déclaration de Paris sur l’électromobilité et les changements climatiques. Cette initiative s’appuie sur les promesses faites par des entreprises, des villes, des Etats et des associations pour une électrification des transports. C’est dans ce cadre que la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, a annoncé le lancement d’un appel à projet pour la création d’un véhicule électrique à moins de 7 000 euros. Selon l’AIE, pour limiter le réchauffement climatique à 2°C voire moins, au moins 20 % des véhicules routiers devront fonctionner à l’électricité d’ici 2030. A condition toutefois que la production d’électricité et d’hydrogène soit sobre en carbone.

(*) : Le Plan d’Actions Lima-Paris est une entreprise conjointe des présidences péruvienne et française de la COP, du Bureau du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, et du secrétariat de la CCNUCC (Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques). Il vise à renforcer l’action climatique et à mobiliser une action mondiale pour des sociétés à bas carbone.