Guesnain : la carrosserie Lemaire se construit un avenir plaqué or

Ouvrir ses livres de compte, exposer sa stratégie… voilà à quoi s’est plié Yannick Souroux, le patron de la carrosserie Lemaire à Guesnain. L’objectif : mettre à plat, avec un cabinet conseil, les forces et les faiblesses de sa PME. Pour aborder avec le plus d’atouts possibles les prochaines années.

« Sur l’extrait kbis, on est identifié comme étant charron », dit Yannick Souroux, directeur général depuis 2005 de la carrosserie industrielle Lemaire à Guesnain (18 salariés). À charge pour lui de bâtir l’avenir. En réinventant le métier de carrossier industriel. En 2008-2009,la crise économique met à genoux nombre d’entreprises. « On a perdu 30 % de l’activité. Mais on n’a pas licencié », se souvient Yannick Souroux.

Comment se relever ? En faisant autre chose. Le dirigeant de la carrosserie guesninoise se rapproche de CIF Bennes, un carrossier constructeur de bennes BTP, et d’Hyva, un constructeur et distributeur de grues fixes, de vérins… Objectif : prospecter de nouveaux marchésavec d’autres produits. « Les grues de manutention, il s’en vend 2 400 par an. Et des bras de manutention, 2 200 par an. » Yannick Souroux peut compter sur ses carrossiers, ses chaudronniers, ses soudeurs… pour les adapter sur les camions plateaux. Encore faut-il revoir les process de fabrication, gagner en productivité, revoir sa politique d’achat, améliorer sa marge brut… Énorme chantier pour un patron de PME !

« besoin d’un regard extérieur »

Une rencontre inopinée avec un salarié de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) lui a ouvert de nouveaux horizons. « Beaucoup d’entreprises ignorent ce qu’est une GPEC », témoigne Bérangère Leroy, manager développement entreprise à l’agence territoriale de Douai de la CCI. GPEC, pour gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences. « Ce n’est pas juste un grand mot », insiste-t-elle. Pour Yannick Souroux, c’était même une évidence : « J’avais besoin d’un regard extérieur. Nous sommes des artisans pris par le quotidien. » Et, au passage, de tisser des couronnes de laurier au cabinet ICE Consultant à Calais qui, dans un premier temps, a fait le travail d’analyse des métiers de la carrosserie industrielle. Nous sommes en 2013-2014. L’une des conclusions est qu’il faut décharger Yannick Souroux des tâches commerciales. En embauchant.

Une nécessaire polyvalence

En septembre, un commercial a rejoint l’équipe. La GPEC a mis le doigt sur une amélioration de la productivité, en mettant l’accent sur la nécessaire polyvalence. « Avant l’automne, on va décortiquer les postes de travail, les phases d’assemblage, de réparation, explique le patron. Un carrossier a entre 80 et 100 heures de travail sur un camion. En achetant mieux, en revoyant les procédures, on peut gagner 15 à 20 %. » Sans que les heures facturées par le cabinet n’aient mis la carrosserie sur la paille. « Notre reste à charge est de 20 à 25 % de l’enveloppe »,conclut M. Souroux qui prévoit d’embaucher « deux personnes d’ici la fin de l’année » en plus d’un troisième apprenti. En sachant que ça ne va pas être simple. « Trouver les bons profils, c’est compliqué. J’ai mis quatre mois pour le dernier salarié embauché. »

 

Une entité du groupe Bils Deroo

La carrosserie Lemaire (2,3 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015) est « une entité technique du groupe Bils Deroo », souligne Yannick Souroux. Le gérant n’est autre que Jimmy Bils, le président du groupe de transport et de logistique sinois Bils-Deroo/Simastock. Yannick Souroux ajoute : « On n’a pas à s’en cacher, c’est un atout d’être dans un tel groupe. » Quantifiable. Au printemps 2014, la carrosserie Lemaire a livré le dernier des quatre semi-remorques de très grande hauteur destinés à transporter les sièges de la nouvelle Toyota Yaris depuis Toyota Bushoku à Somain, là où ils sont fabriqués, jusqu’à l’usine Toyota d’Onnaing, là où sont assemblés les véhicules. Les relations d’affaire entre le groupe Bils Deroo et Toyota ont engendré la signature du marché. Et en faisant travailler la carrosserie, Bils Deroo lui apporte une part non négligeable de son chiffre d’affaires.
Autre frein au développement : l’implantation historique de la carrosserie (on y a aussi fabriqué des cercueils !) en plein cœur de la commune. Un déménagement, à moyen terme, est à l’étude.