Experts : l’activité du SNDEA mise en « stand-bail »

Plutôt discret depuis plusieurs mois, le Syndicat national des experts en automobile (SNDEA), qui courrait après les adhésions pour atteindre les fameux 8% de représentativité exigés par la loi pour 2017, vient finalement d’être mis en sommeil par son bureau et notamment son président, Jacques Cornut, selon une lettre récemment envoyée aux adhérents. Un aveu d’échec au moins temporaire.

Nous avions laissé le SNDEA, en décembre dernier, à sa campagne de cotisations auprès des experts en automobile, avec l’objectif d’atteindre rapidement les 8% de représentativité syndicale afin d’être conforme aux objectifs de la loi n° 2008-789 du 20 août 2008 portant rénovation de la démocratie sociale et réforme du temps de travail. A l’époque, son président, Jacques Cornut, nous avait confié que 2015 serait une année décisive dans la vie du syndicat d’experts : soit il parvenait à réunir suffisamment d’adhérents pour compter 8% de professionnels de l’expertise en son sein, soit il cessait son activité.

Ce n’est finalement ni l’un, ni l’autre qui a eu lieu. Mais la seconde option semble bien plus proche, aujourd’hui, que la première, à en croire le courrier que l’expert lillois vient d’envoyer aux membres du syndicat (A télécharger ci-dessous). Car si l’existence même du SNDEA n’est pas officiellement compromise, «la rentrée des cotisations n’étant pas suffisante pour assurer de nombreux déplacements, nous avons donc décidé (les membres du bureau) de rester en stand-bail (sic) et d’attendre une opportunité pour agir ou apporter un avis (pas forcément opposé à l’autre syndicat) lors d’un événement important dans le monde de l’assurance attaché à notre métier», explique en effet Jacques Cornut.

Pressions de «l’autre syndicat»

Dans la logique de sa lettre de décembre 2014, le président du SNDEA confirme les pressions auxquelles «l’autre syndicat», l’ANEA pour ne pas le nommer, seul représentatif dans la profession d’experts libéraux à l’heure actuelle, se serait livré à l’encontre des experts tentés d’adhérer ailleurs, notamment au SNDEA. «Certains confrères néanmoins avaient peur des réactions de l’autre syndicat et d’ailleurs certains avaient été menacés directement par des hauts responsables de celui-ci, qu’ils risquaient de perdre des missions, s’ils prenaient la moindre cotisation chez nous […] à cela nous n’avons pas pu atteindre les 8% souhaités», assure-t-il à ses adhérents.

Lesdites pressions auraient même, à en croire Jacques Cornut, découragé le syndicat d’établir une liste publique d’adhérents, une partie de ceux-ci craignant qu’elle ne soit diffusée. «Il est donc difficile de tenter de faire bouger ou changer les choses dans ces conditions», affirme-t-il. Et ce, en dépit des encouragements de «certains responsables du ministère des Transports et de syndicats professionnels de l’automobile que nous avons rencontrés [qui] nous ont demandé de ne pas baisser les bras et de continuer à exister». Exister oui, mais sans activité, donc, puisque ni élections de bureau, ni nomination de responsables régionaux «du fait d’un nombre insuffisant de membres», ni même cotisations annuelles n’auront lieu. Même si Jacques Cornut prévoit de tenter«peut-être une relance auprès des autres experts».

2015 est pourtant si riche…

Cette mise en stand-by, en (bon) anglais dans le texte, ressemble plus à un aveu d’échec ou, du moins, de faiblesse de la part du SNDEA qu’à un véritable constat d’impuissance. Car les occasions de se manifester et de défendre la position d’une expertise libérale indépendante et proche de l’automobiliste étaient plutôt nombreuses, cette année.

De la thématique de la déontologie du métier d’expert, sujet survolé du Congrès de l’ANEA en avril et sur lequel un vrai débat entre syndicats aurait pu s’engager, à la sempiternelle problématique de la dépendance économique des experts envers les assureurs, en passant par les amendements libérateurs déposés par le CNPA dans le cadre de la loi “Macron”, le sulfureux amendement sur lapièce de réemploi voté dans la loi sur la Transition énergétique, le scandale des 5 000 VGEtransformés en VO et le déploiement du recours direct, dont le premier défenseur, Karim Megrous, cotise pourtant au SNDEA, les sujets forts concernant l’expertise n’ont pas manqué en 2015. Et nous ne sommes encore qu’en septembre !

Autant de sujets sur lesquels le SNDEA aurait pu faire entendre sa voix et alimenter le débat, faire des propositions, avancer des solutions et défendre l’expertise libre et indépendante. Si le syndicat s’était manifesté à chacun de ces faits d’actualité, nul doute qu’une dynamique d’approbation, à défaut d’adhésion, aurait pu s’enclencher à son égard de la part des experts en automobile libéraux. Des experts qui auraient pu trouver en lui l’autre voi(e)x, celle capable de faire contre-écho à l’ANEA qui, en matière de représentativité, n’a pas encore de souci à se faire…